C’était quoi la bataille du Leopold Canal?

Article rédigé par Amynte Eygun, MA.
Westmount, Québec – 06 October 2024: L’armée canadienne était désavantagée à tous égards lors de la bataille du canal Léopold, et pourtant, elle a réussi à vaincre les Allemands, déclenchant ainsi la libération du nord-ouest de l’Europe. La bataille se concentrait autour du canal Léopold, un canal de près de 50 km qui s’étend de l’est de la Belgique jusqu’à la mer du Nord. Le point d’entrée de l’attaque pour les Canadiens se trouvait près de la frontière belgo-néerlandaise, dans un paysage plat et proche du niveau de la mer — ce n’est pas pour rien que cette région d’Europe est appelée les « Pays-Bas ». Connaissant bien le terrain, les Allemands avaient délibérément inondé la zone, rendant difficile l’utilisation des armes et la conduite des véhicules par les Alliés. Les soldats étaient constamment mouillés, ils avaient froid et ils étaient très inconfortables.
Les renseignements recueillis avant cette bataille ont également contribué aux difficultés rencontrées par les Canadiens. Non seulement le renseignement allié a sous-estimé le nombre de soldats allemands de la 64e division d’infanterie, mais il a aussi sous-estimé la ténacité de l’ennemi, qui avait reçu l’ordre de «combattre jusqu’à la mort» pour empêcher les Canadiens d’accéder à l’escaut du Scheldt. Les Allemands savaient que la capture des voies navigables de l’escaut conduirait à la victoire alliée, alors ils ont tout fait pour les empêcher. Le plan initial de la bataille se présentait comme ceci :
« Dans une série de rapports annexés au journal de guerre, le plan de l’attaque est décrit. Le but était de s’emparer d’une tête de pont sur la rive nord afin de permettre aux ingénieurs de construire un pont suffisamment robuste pour supporter les blindés nécessaires à l’élan de l’offensive canadienne au-delà. Ce ne serait pas une tâche facile, car les positions ennemies sur la rive nord du canal étaient creusées sur la pente opposée de la digue du canal, ce qui les rendait difficiles à neutraliser avec des explosifs et des tirs d’armes légères. Des lance-flammes ont donc été ajoutés au plan, pour être utilisés en prélude à l’assaut proprement dit, mais, même avec cette aide, l’opération resterait extrêmement périlleuse. »

La bataille du canal Léopold n’était pas censée impliquer le Royal Montreal Regiment (RMR), alors pourquoi étaient-ils là ? À l’origine, la bataille devait mobiliser la 3e Division canadienne, qui comprenait les 7e, 8e et 9e brigades d’infanterie. La 3e Division canadienne regroupait des régiments de l’Ouest canadien, plus précisément des provinces du Manitoba, de la Saskatchewan, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Où s’insère donc le RMR dans cette division ? Le RMR fait normalement partie de la 2e Division canadienne, avec d’autres régiments du Québec et de l’Ontario. Cependant, en septembre-octobre 1944, les hommes du RMR n’avaient pratiquement pas participé aux combats et voulaient se battre, car ils avaient passé les premières années de la guerre à s’entraîner au Royaume-Uni. Heureusement (ou malheureusement) pour eux, il se présente une occasion d’échanger leur place avec une compagnie du Regina Rifle Regiment, un régiment ayant déjà été au front de bataille et ils avaient besoin du repos. Cet échange permit à une compagnie du RMR d’être rattachée au Regina Rifle Regiment pour la durée de la bataille.
Avec cet échange, la structure de la bataille du canal Léopold était la suivante :
- 3e Division d’infanterie canadienne○ 7e Brigade d’infanterie canadienne1. Royal Winnipeg Rifles
2. Regina Rifle Regiment
- Compagnie A : Regina Rifle Regiment
- Compagnie B : Royal Montreal Regiment, sous le commandement du capitaine Schwob
○ Peloton 1 : dirigé par le sergent Harry Thomas Murray
○ Peloton 2 : dirigé par le lieutenant William Noel Barclay (sergent Hayward)
○ Peloton 3 : dirigé par le sergent William Craddock
- Compagnie C : Regina Rifle Regiment
- Compagnie D : Regina Rifle Regiment
3. Canadian Scottish Regiment
4. Lorne Scots

Le RMR s’est battu aux côtés des hommes du Regina Rifle Regiment, et ceux qui ont perdu la vie au cours de cette bataille reposent aujourd’hui côte à côte, commémorant ainsi à jamais leur partenariat du 6 octobre 1944.
Pour commémorer le 80e anniversaire de la bataille du canal Léopold et en mémoire du rôle joué par le RMR lors de cette bataille, le musée du RMR présentera une exposition temporaire intitulée : Le sacrifice d’un régiment : Vaincre l’armée d’Hitler, ouverte du 1er au 10 novembre. Tout au long du mois d’octobre — le mois de la bataille — nous publierons une série d’histoires comme celle-ci pour introduire l’ouverture de l’exposition.