Bannières du souvenir

Le Royal Montreal Regiment (RMR) et la Ville de Westmount partagent un lien forgé dans le sacrifice et le souvenir. En 1920, le 58e Régiment, Westmount Rifles, s’est effacé afin que le RMR puisse continuer après la Grande Guerre, et Westmount a fourni le terrain qui a rendu possible la construction de l’armurerie du Régiment. Construite en 1925, l’armurerie a été dédiée aux 1 192 membres du Régiment qui ont donné leur vie en France et en Flandres, et elle demeure aujourd’hui un mémorial vivant.

Ces bannières honorent cet héritage. Chacune présente le visage et le nom d’un soldat du RMR, nous rappelant que derrière chaque acte de service se trouvait une vie, une famille et une histoire digne d’être rappelée.

Nous nous souviendrons d’eux.

Charles Basil Price, CB, DSO, DCM, VD, CD

Né le 12 décembre 1890. Décédé le 15 février 1975.

A vécu au 64, Forden Crescent, Westmount (Québec).

Le Major-général Charles Basil Price (1889-1975) fut un soldat canadien hautement distingué, affectueusement surnommé le « Père du R.M.R. ». Sa carrière militaire commença en 1905 avec les Victoria Rifles et, au déclenchement de la Première Guerre mondiale, il se joignit au 14e Bataillon du CEC. Price illustra sa générosité en se retirant volontairement de son poste de sergent-major pour devenir sergent-couleur, permettant ainsi à un soldat régulier plus expérimenté, J.M. Stephenson, d’assumer le rôle de sergent-major régimentaire.

Sa bravoure fut reconnue en avril 1915 par l’attribution de la Médaille de conduite distinguée (Distinguished Conduct Medal – DCM) pour une patrouille de nuit courageuse en Belgique, peu après quoi il fut commissionné comme lieutenant. Price fut blessé à trois reprises durant la guerre, montant progressivement en grade jusqu’à celui de major et de second commandant. Il reçut l’Ordre du service distingué (Distinguished Service Order – DSO) pour son leadership courageux lors des opérations cruciales du Canal du Nord en septembre 1918, où il commanda le Bataillon malgré une troisième blessure.

Après la guerre, Price devint le premier commandant en temps de paix du Royal Montreal Regiment (1920-1924), poste qu’il occupa de nouveau de 1927 à 1929. Il joua un rôle déterminant dans l’obtention de l’armurerie du RMR à Westmount, agissant comme secrétaire de l’« Association de l’armurerie ». Cette association, sous la direction du colonel honoraire brigadier-général W.O.H. Dodds et du lieutenant-colonel Price, lança une campagne pour obtenir une armurerie, ce qui mena la Ville de Westmount à louer un terrain sur la rue Sainte-Catherine pour 99 ans au prix symbolique de 1 $ par an. Le bâtiment fut officiellement inauguré le 28 décembre 1925. Comme civil, il devint directeur général de la laiterie Elmhurst Dairy. En janvier 1931, il fut élu échevin à Westmount.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, il était brigadier-général et dirigea la 3e Brigade outre-mer en 1939. Plus tard, il fut promu major-général, commandant la 3e Division d’infanterie canadienne. À sa retraite du service militaire en 1943, il servit comme commissaire outre-mer de la Société de la Croix-Rouge canadienne pour toute la durée de la guerre.

Price fut ensuite nommé colonel honoraire du Royal Montreal Regiment le 6 août 1943, fonction qu’il conserva jusqu’au 31 décembre 1957. Dans ce rôle, il accueillit à l’armurerie des visiteurs de marque comme le maréchal Viscount Montgomery of Alamein et le gouverneur général du Canada, Viscount Alexander of Tunis.

Ses services furent également reconnus par sa nomination comme Compagnon de l’Ordre du Bain (Companion of the Order of the Bath – CB) et par la Décoration des Forces canadiennes (Canadian Forces Decoration – CD). Il servit aussi comme président national (Dominion President) de la Légion canadienne dans les années 1950. L’héritage de Price au sein du RMR est perpétué par une plaque commémorative dédiée et l’« insigne Price », porté par l’actuel sergent-major régimentaire.

Francis Alexander Caron Scrimger, VC

Né le 10 février 1881. Décédé le 13 février 1937.

A vécu au 1389, Redpath, Westmount (Québec).

Le Lieutenant-colonel Francis Alexander Caron Scrimger, VC (Victoria Cross) (1881–1937), était un médecin et soldat canadien dont le courage à Ypres est devenu légendaire. Né à Montréal, fils d’un ministre presbytérien, il fit ses études de médecine à l’Université McGill et en sortit diplômé en 1905. Avant la guerre, il rejoignit le personnel de l’Hôpital Royal Victoria et était largement respecté pour sa confiance tranquille et son intégrité.

Lorsque le 14e Bataillon (Royal Montreal Regiment) fut formé en 1914, Scrimger en devint le premier officier médical. Lors de la deuxième bataille d’Ypres, en avril 1915, les gaz toxiques allemands balayèrent les lignes canadiennes. Posté dans un poste de secours sous un bombardement intense, il soigna les blessés jusqu’à ce que le bâtiment s’effondre autour de lui. Refusant d’abandonner ses patients, il transporta le major Edward Norsworthy, grièvement blessé, en lieu sûr à travers les obus et les gaz. Pour sa bravoure et son dévouement au devoir, il reçut la Croix de Victoria (Victoria Cross – VC), devenant ainsi le premier Canadien de la Première Guerre mondiale à recevoir la plus haute décoration de l’Empire.

Scrimger survécut à la guerre et poursuivit sa carrière médicale à l’Hôpital Royal Victoria de Montréal, servant d’abord comme chirurgien adjoint, puis comme chirurgien en chef. À peine un an après avoir assumé cette fonction, il mourut d’une grave crise cardiaque en 1937 à l’âge de 57 ans. Son service et son sacrifice se prolongèrent dans sa famille : son fils unique, le capitaine Alexander Canon Scrimger, du 29e Régiment blindé de reconnaissance (The South Alberta Regiment), fut tué au combat en Hollande en 1944.

Le nom de Scrimger est gravé de façon permanente dans le paysage et la mémoire du Canada. Un sommet de 2 755 mètres (9 039 pieds) dans les Rocheuses canadiennes, à la frontière de l’Alberta et de la Colombie-Britannique, porte le nom de mont Scrimger, VC. Il est également commémoré à l’Université McGill dans l’édifice médical Strathcona ainsi qu’au sein même de l’armurerie du RMR. Sa vie demeure un témoignage de courage, de compassion et du lien durable entre la médecine et le service militaire.

George Burdon McKean, VC

Né le 4 juillet 1888. Décédé le 28 novembre 1926.

Le capitaine George Burdon McKean, VC (Victoria Cross), MC (Military Cross), MM (Military Medal) (1888–1926), fut l’un des soldats les plus remarquables à avoir servi au sein du Royal Montreal Regiment. Né à Durham, en Angleterre, il immigra au Canada en 1902, à l’âge de 14 ans, et travailla dans des fermes près de Lethbridge, en Alberta, avant de s’inscrire à une école théologique presbytérienne à Edmonton. De petite stature — à peine 120 livres — il fut rejeté à trois reprises avant d’être finalement accepté dans le Corps expéditionnaire canadien en 1915. Après avoir servi avec le 51e Bataillon, il fut transféré au 14e Bataillon (RMR) en juin 1916.

McKean se distingua rapidement au combat. Il reçut la Médaille militaire (Military Medal – MM) à Bully-Grenay en 1917 et fut bientôt promu lieutenant et nommé officier éclaireur du RMR. Ses mémoires Scouting Thrills décrivent avec intensité des raids de tranchées, dont un en avril 1918 près de Gavrelle où, armé de grenades, il franchit une barricade et atterrit dans une tranchée grouillante de soldats ennemis. Bien que blessé, il continua le combat et s’empara de deux tronçons de tranchées ainsi que de huit prisonniers, actions pour lesquelles il reçut la Croix de Victoria (Victoria Cross – VC), la deuxième décernée au RMR durant la guerre. Plus tard cette même année, il obtint la Croix militaire (Military Cross – MC) pour son rôle dans la capture de Cagnicourt.

Après la guerre, McKean s’installa en Angleterre, se maria et eut une fille. Il publia Scouting Thrills (1919) et Making Good: A Story of North-West Canada (1920), ce dernier inspiré par ses années passées comme éleveur en Alberta. En 1926, alors qu’il travaillait dans le Hertfordshire, il fut tué dans un accident industriel dans une scierie, à seulement 37 ans.

L’héritage de McKean perdure tant dans l’histoire militaire canadienne qu’au sein du RMR. Le Trophée Capitaine G.B. McKean, VC, MC, MM (Meilleur soldat) est décerné chaque année au meilleur soldat du Régiment. Ce prix prestigieux honore le courage et le leadership de McKean, en reconnaissant l’individu qui incarne le mieux les plus hauts standards de conduite, de professionnalisme et d’excellence tout au long de l’année d’instruction. Sa mémoire est également préservée dans un saisissant portrait réalisé par Frederick Varley du Groupe des Sept, conservé au Musée canadien de la guerre, ainsi que dans les Rocheuses canadiennes, où le mont McKean, VC s’élève à 2 743 mètres en son honneur.

William Noel (Jock) Barclay

Né le 14 août 1919. Tué au combat le 6 octobre 1944.

A vécu au 726, rue Sherbrooke Ouest, Montréal (Québec).

Le lieutenant William Noel (Jock) Barclay (1919-1944) était un jeune officier qui donna sa vie pour la liberté du nord-ouest de l’Europe, réussissant en même temps à protéger ses hommes.

Né au Québec le 14 août 1919, William Noel Barclay, surnommé Jock, vécut à Westmount avec son père jusqu’à son départ pour l’entraînement en Angleterre à la fin de 1940. Formé à Selwyn House School, Loyola High School et à l’Université McGill, Barclay aspirait à devenir comptable. Il en était à sa troisième année de baccalauréat en commerce, interrompue par la guerre. Intéressé par le milieu militaire avant même le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il détenait déjà le grade de sergent grâce à trois années passées avec le C.O.T.C. (Canadian Officers’ Training Corps) du Collège Loyola et une année avec celui de McGill. Il s’enrôla pour le service actif avec le RMR le 25 octobre 1940 à Westmount, à l’âge de 22 ans.

Le lieutenant Barclay était un passionné de photographie, choisissant souvent ses camarades et leurs activités parascolaires comme sujets. Ses photos de compagnons jouant au volleyball ou se promenant dans des villes britanniques nous offrent un aperçu de la vie sociale quotidienne des soldats canadiens outre-mer.

L’ancien de McGill combattit sur les rives du canal Léopold, une bataille de la Seconde Guerre mondiale qui eut lieu à la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas. Cette bataille coûta la vie à 10 membres du RMR, fit 17 blessés et 17 prisonniers de guerre envoyés en Allemagne. Barclay mena courageusement ses hommes dans des embarcations d’assaut à travers le canal en flammes, veillant à ce qu’ils atteignent la rive nord en sécurité. Alors que les bateaux arrivaient à terre, une rafale de mitrailleuse traversa l’avant de l’embarcation du lieutenant Barclay, le tuant sur le coup. Il tomba en arrière, servant essentiellement de bouclier humain pour protéger les hommes assis derrière lui. Le lieutenant William Barclay n’avait que 25 ans.

Le lieutenant Barclay fut rappelé par ses camarades comme « un officier et un gentleman des plus valeureux » et il fut inhumé au cimetière militaire canadien d’Adegem, en Belgique. Son nom est commémoré au McGill Roll of Honor, 1939-1945.

Richard Maurice Thornicroft

Né le 16 mai 1922. Tué au combat le 6 octobre 1944.

A vécu au 946, avenue Melrose, Montréal (Québec).

Le soldat Richard Maurice Thornicroft (1922–1944) était un vendeur de boulangerie de 22 ans dont la mort évitable sur le champ de bataille illustre la brutalité du conflit contre l’Allemagne nazie.

Né le 16 mai 1922, Richard Maurice Thornicroft était originaire de NDG et vivait avec sa famille au 946, avenue Melrose, juste à l’extérieur de Westmount. Quatrième d’une fratrie de six enfants, il avait trois sœurs et deux frères. Les trois frères Thornicroft servirent dans l’armée : l’un dans la Marine, l’autre dans l’Aviation, et Richard dans l’Infanterie.

Dans les années précédant la guerre, le soldat Thornicroft poursuivait des études pour devenir comptable professionnel agréé (CPA). En dehors de son éducation, il jouait régulièrement au golf et au baseball, mais participait aussi à des pièces de théâtre scolaires. Son côté musical le mena à rejoindre la fanfare de clairons du RMR en avril 1939, avant même d’avoir atteint l’âge de 18 ans lui permettant de s’enrôler officiellement dans le service actif.

Durant la fin de son adolescence, le soldat Thornicroft travailla à temps partiel dans la boulangerie de quartier très appréciée de Westmount, Harrison Bros. Aujourd’hui, elle est connue sous le nom de Boulangerie POM. Il travaillait comme vendeur de pain de porte-à-porte, ainsi que dans le magasin de détail situé à l’intersection des rues Sainte-Catherine, Lansdowne et Glen, en face de l’armurerie du RMR. Thornicroft fut employé par cette entreprise locale de 1937 à 1939, année où il s’enrôla dans l’armée.

La boulangerie POM (Pride Of Montreal) était une institution à Westmount durant le milieu et la fin du 20e siècle, et entretenait une relation étroite avec ses voisins de l’armurerie du RMR. Au début de la Seconde Guerre mondiale, POM fit même peindre une flotte de camions de livraison avec l’inscription : « R.M.R. Association Branch 14 (Quebec 14), Canadian Legion, B.E.S.L. » afin de promouvoir l’enrôlement pour le service actif.

Le 6 octobre 1944, le premier jour tragique de la bataille du canal Léopold (Leopold Canal), le soldat Thornicroft avait 22 ans. Il fut blessé tôt dans l’action, mais pas mortellement, souffrant d’un bras fracassé. Il se rendit au poste de commandement de la compagnie du capitaine Schwob, établi dans une tranchée, pour recevoir des soins. Le capitaine Schwob banda son bras et l’envoya vers le territoire allié, sur la rive sud du canal, pour des soins supplémentaires. Le soldat Thornicroft entreprit le chemin du retour seul et sans arme. Malheureusement, il croisa un soldat allemand qui l’abattit immédiatement sur place. Le soldat Thornicroft fut exécuté de sang-froid, l’Allemand ayant tiré sur lui alors qu’il était blessé, désarmé et ne représentait aucune menace.

Le soldat Richard Thornicroft repose aujourd’hui auprès de ses camarades du RMR tombés au combat, au cimetière militaire canadien d’Adegem, en Belgique.

Thomas Cripps Lewis, DSO

Né le 9 février 1911. Tué au combat le 17 octobre 1944.

A vécu au 52, Academy Road, Westmount (Québec).

Le lieutenant-colonel Thomas Cripps Lewis, DSO (Distinguished Service Order) (1911-1944), RSM et commandant bien-aimé du RMR, était un soldat né. Promu lieutenant-colonel à seulement 31 ans, il fut l’un des plus jeunes officiers à recevoir ce poste à l’époque. Sa vie fut écourtée alors qu’il combattait avec bravoure pour la liberté.

Né à Montréal le 9 février 1911, Thomas Cripps Lewis vivait à Westmount et travaillait comme statisticien chez Sun Life Insurance. En 1925, il s’enrôla dans l’armée et, au début de la Seconde Guerre mondiale, il était déjà un lieutenant respecté. Entre 1937 et 1939, il servit comme sergent-major régimentaire (Regimental Sergeant Major – RSM) du Royal Montreal Regiment. Il faisait partie de la compagnie B du RMR et s’embarqua pour l’Angleterre le 9 décembre 1939 à bord du S.S. Duchess of Bedford.

Le lieutenant-colonel Lewis passa une partie de la guerre au Canada, travaillant comme instructeur au Collège militaire royal du Canada (Royal Military College – RMC), mais dès mai 1943, il était de retour outre-mer, prenant le commandement du RMR alors qu’il passait d’unité de mitrailleuses à celui de 32e Régiment de reconnaissance (32nd Reconnaissance Unit). En mars 1944, on annonça que le RMR serait réduit à effectif nul (NIL strength) en préparation de l’Opération Overlord, l’invasion de l’Europe. C’est le lieutenant-colonel Lewis qui transmit la nouvelle à ses hommes sur le terrain, en Angleterre. En mars 1944, il fut muté au 7e Régiment de reconnaissance (7th Reconnaissance Regiment – 17th Hussars) et en devint le commandant.

Le 14 août 1944, le lieutenant-colonel Lewis participa aux opérations de Falaise et reçut le DSO (Distinguished Service Order) pour son « leadership intrépide ». Sa dernière affectation eut lieu en octobre 1944, lorsqu’il devint brigadier intérimaire de la 8e Brigade d’infanterie. Quelques jours plus tard, le 17 octobre, le lieutenant-colonel Lewis et un camarade circulaient en Jeep lorsqu’ils furent pris sous le feu ennemi. Le lieutenant-colonel Lewis fut tué par des éclats d’obus et le conducteur du véhicule fut fait prisonnier de guerre. Il avait 33 ans. En 1946, il reçut à titre posthume la Croix de Guerre avec Palme (Croix de Guerre avec Palme – France), en reconnaissance de ses services valeureux et distingués à la cause des Alliés.

Le lieutenant-colonel Lewis laissa dans le deuil son épouse, Mme Dorothy Lewis, et leur jeune fils Thomas, qui vivaient au 52, Academy Road, dans l’immeuble situé derrière l’armurerie. Mme Lewis se remaria par la suite, comme beaucoup de veuves de guerre, mais la mémoire de Lewis survécut à travers son fils, qui porta son nom. Le lieutenant-colonel Lewis est encore aujourd’hui chaleureusement rappelé comme une figure centrale du Régiment durant la Seconde Guerre mondiale.

Robert Julien Schwob, MC

Né le 2 septembre 1915. Décédé le 6 mars 1989.

A vécu au 3015, rue Sherbrooke Ouest, Montréal (Québec).

Le lieutenant-colonel Robert Julian Schwob, MC (Military Cross), était reconnu pour son leadership calme et équilibré, démontrant sa rigueur et ses talents défensifs en tenant une tête de pont alliée en territoire ennemi pendant trois jours, repoussant de multiples contre-attaques allemandes.

Né le 2 septembre 1915, Robert Julian Schwob était le deuxième des enfants de Julian Schwob et Muriel Taylor. La famille de six personnes vivait à Montréal et, au moment où la guerre éclata en 1939, Schwob avait 25 ans et résidait à Westmount. Il travaillait dans le secteur civil avant la guerre, comme souscripteur d’assurances à Montréal. En 1944, il était capitaine et servait outre-mer comme officier en Europe de l’Ouest. À la fin septembre 1944, le capitaine Schwob prit la relève du major Lowe comme commandant pour la bataille du canal Léopold (Leopold Canal). Le major Lowe fut volontairement tenu à l’écart de l’action pour donner la chance à un officier plus jeune et moins expérimenté de prendre le commandement, et pour bénéficier d’un repos bien mérité loin des lignes de front.

À 29 ans, le capitaine Schwob mena ses hommes à travers une bataille sanglante et terrifiante, réussissant à conserver une tête de pont alliée pendant trois jours complets. Bien que la position fût étroite et constamment menacée par les contre-attaques ennemies, la détermination et l’organisation du capitaine Schwob permirent aux Alliés d’accéder au territoire ennemi, menant ultimement à une victoire alliée sur les forces allemandes. Il fut rappelé par ses hommes comme étant un chef posé, confiant et compétent. Le capitaine Schwob reçut la Croix militaire (Military Cross – MC) en octobre 1945, pour « services valeureux et distingués sur le terrain » lors de son rôle sur les rives du canal Léopold.

Après la fin de la guerre, en août 1945, les hommes du RMR revinrent au pays et furent honorés pour leurs sacrifices, leur force et leur bravoure. Le capitaine Schwob reprit la vie civile et épousa Mlle Muriel Garrow Brotherton le 20 juin 1951 à Westmount. Née en 1921, Muriel avait elle aussi un passé militaire, ayant servi dans la Division féminine de l’Aviation royale du Canada (Royal Canadian Air Force Women’s Division – R.C.A.F. W.D.) entre 1943 et 1946. Elle faisait partie du 6e Groupe basé dans le Yorkshire, en Angleterre.

Le capitaine Schwob poursuivit sa carrière militaire au sein du Royal Montreal Regiment, montant progressivement en grade jusqu’à atteindre celui de lieutenant-colonel, puis servant plus tard comme colonel honoraire. Lui et Muriel eurent un enfant, et ils s’installèrent à Kingston, en Ontario, vers la fin de leur vie. Le lieutenant-colonel Robert Julian Schwob s’éteignit le 6 mars 1989 à l’âge de 74 ans et repose aux côtés de son épouse à Kingston. Il est rappelé au sein du RMR comme le héros de la bataille du canal Léopold, et une salle du mess des officiers porte même son nom en son honneur.

Marcel McBarnett

Né le 2 septembre 1920. Décédé le 11 mai 1943.

A vécu au 3015, rue Sherbrooke Ouest, Montréal (Québec).

Le soldat Marcel McBarnett (1920–1943) fut l’un des nombreux militaires alliés qui perdirent la vie dans des circonstances accidentelles, mais dont le sacrifice mérite toujours le même respect que celui de ceux tombés au combat.

Né à Montréal de Peter et Victoria McBarnett, Marcel McBarnett était l’aîné de deux enfants. Le malheur frappa tôt la famille McBarnett avec le décès du patriarche Peter à 57 ans et celui de la jeune sœur de Marcel, Marguerite, en mai 1930, à seulement 11 ans. En 1939, McBarnett travaillait comme chauffeur et vivait avec sa mère, dont il était le seul soutien. Il s’enrôla dans le RMR en septembre 1939 et arriva en Angleterre le 18 décembre 1939, laissant sa mère attendre impatiemment son retour.

De juillet à novembre 1940, le soldat McBarnett fit partie d’un peloton de Québécois qui contribua à abattre un bombardier ennemi durant la Bataille d’Angleterre (Battle of Britain), un vaste raid aérien nazi sur le Royaume-Uni. En novembre 1941, lui et le reste du peloton furent mentionnés dans un journal montréalais.

Comme beaucoup de jeunes soldats canadiens, le soldat McBarnett profita de son séjour au Royaume-Uni pour trouver une connexion amoureuse. Peu après son arrivée en Angleterre, il fit la rencontre d’une jeune femme originaire du pays de Galles et, en novembre 1940, il épousa Mlle Antovia L. Josepia.

Le soldat McBarnett perdit la vie en Angleterre de façon tragique, mais accidentelle. Le 11 mai 1943, alors qu’il était en service en Angleterre, il prit place comme passager dans une Jeep conduite par le lieutenant K.A. Mackenzie. Ils se rendaient dîner lorsqu’ils empruntèrent prudemment un chemin de terre accidenté. Alors que la Jeep montait une côte, le sol céda et le véhicule se renversa avec les deux hommes à l’intérieur. Le lieutenant Mackenzie s’en sortit presque indemne, mais le soldat McBarnett resta coincé, la tête écrasée sous le poids du véhicule. Les deux hommes appelèrent à l’aide et, lorsque leurs camarades arrivèrent, le soldat McBarnett commença à perdre connaissance. Un infirmier militaire le transporta à l’hôpital le plus proche, mais il fut déclaré décédé à son arrivée. Il avait 23 ans.

Le soldat McBarnett fut décrit comme joyeux et responsable, disparu trop tôt, laissant derrière lui sa mère et son épouse, qu’il soutenait toutes deux financièrement. Le soldat McBarnett repose au cimetière de Brookwood, en Angleterre.

Edward George (Taffy) Evans

Né le 20 avril 1911. Décédé le 13 septembre 1948.

A vécu au 72, avenue St-Andrew, Beaconsfield (Québec).

Le soldat Edward George (Taffy) Evans (1911–1948) a contribué au RMR par plus que son service pendant la Seconde Guerre mondiale. Sa personnalité amicale et ses amitiés avec d’autres membres du RMR transparaissent à travers une collection de photographies de lui et de ses camarades, illustrant leur séjour en Angleterre durant l’entraînement.

Né le 20 avril 1911 à Sheffield, en Angleterre, le soldat Edward George Evans, surnommé « Taffy », servit comme soldat au sein du RMR durant la Seconde Guerre mondiale, étant principalement stationné dans son pays natal tout au long du conflit. La vie d’Evans avant la guerre fut marquée par la tragédie. En 1930, à 19 ans, il épousa Mlle Margaret Wesely à Montréal. Malheureusement, le jeune couple fut frappé par le destin lorsque Margaret décéda quelques mois plus tard, à seulement 17 ans. À la veille de la guerre, Evans trouva de nouveau l’amour et épousa Mlle Blanche Hagarty en 1937. Mariés entre 1937 et 1948, la majorité de leurs années communes furent passées durant le service outre-mer de Taffy.

Le soldat Evans s’enrôla tôt dans la guerre, en 1939, à l’âge de 29 ans. Il passa la plupart du conflit en Angleterre à l’entraînement, mais il se rendit également en Hollande en 1944 lors des efforts alliés pour libérer le nord-ouest de l’Europe. Il était rappelé comme un ami apprécié de beaucoup et figure dans de nombreuses photographies prises par ses camarades. Le soldat Evans servit au sein du 1er peloton (transmissions), compagnie QG, 1er Bataillon du RMR jusqu’en 1945. À son retour à Montréal, il reçut la Médaille du service volontaire canadien avec une feuille d’érable en argent, indiquant le service outre-mer. Comme beaucoup de soldats démobilisés en 1945, il retourna immédiatement au travail et reprit la vie civile.

Evans travailla comme chauffeur de taxi dans le secteur de Beaconsfield, dans l’Ouest-de-l’Île de Montréal. Tragiquement, le 13 septembre 1948, à peine trois ans après la fin de la guerre, il fut impliqué dans un accident mortel. Alors qu’il conduisait des clients à la gare du C.P.R. à Pointe-Claire, son taxi cala sur une voie ferrée. Pendant que les passagers descendaient pour tenter de pousser le véhicule, Evans resta au volant pour essayer de le déplacer. Malheureusement, la voiture ne put être dégagée à temps et, alors que les passagers s’en sortirent avec des blessures non fatales, Taffy Evans, âgé de 37 ans, perdit la vie lorsqu’un train percuta le taxi immobilisé.

Le soldat Evans est rappelé à travers une collection de photographies de lui et de ses camarades qui nous offre un aperçu réaliste des activités quotidiennes des soldats canadiens outre-mer.